Author(s) : Aurélie Pont
Abstract:
“D’un point de vue démographique, la naturalisation constitue un passage administratif et juridique entre les populations étrangère et nationale. Toutefois, plus qu’une modification de la répartition entre deux populations, les changements de nationalité ont aussi une portée qui va au-delà des chiffres ; ils impactent la perception de la présence étrangère sur un territoire donné et, par conséquent, les narratifs qui en résultent. Cet élément s’avère crucial dans un contexte comme la Suisse où les questions relatives aux étranger.ères ou à l’immigration connaissent de fortes pressions médiatique et politique. Ceci est notamment dû à une croissance continue de la proportion d’étranger.ères, depuis les années 1980, qui atteint, en 2021, plus d’un quart de la population résidente. Dès lors, saisir et appréhender le phénomène de la naturalisation permet de faire écho à des questions de cohésion sociale, de vivre ensemble voire, dans certains cas, d’inégalités sociales. En effet, outre un impact sociétal, la naturalisation déploie aussi des effets sur différents pans de la vie des individus, notamment en matière de mobilités ou d’intégrations économique, sociale et politique, et exerce ainsi une influence déterminante sur les trajectoires de vie.
Cette thèse permet d’enrichir notre compréhension du processus de naturalisation ainsi que de différentes étapes qui le constituent, en s’appuyant sur le cas particulier de la Suisse. Outre une mise en lumière des tendances et enjeux contemporains de la naturalisation par voies ordinaire et facilitée en Suisse, ce manuscrit documente également certaines disparités d’accès au passeport. Que ces disparités relèvent de contraintes légales ou d’une volonté propre, elles alimentent des réflexions sur la politique suisse et les pratiques en matière d’acquisition de la nationalité. Dans ce cadre, certains facteurs d’inclusion ou d’exclusion caractéristiques de la politique de naturalisation suisse ainsi que des éléments d’encouragement ou de découragement à aspirer ou initier une procédure ont été identifiés. Par ailleurs, bien qu’éclairant en premier lieu le phénomène des naturalisations dans le contexte helvétique, les résultats mis en exergue dans cette thèse soulèvent également des questionnements ayant une portée plus générale. En effet, ils contextualisent l’acquisition d’une nouvelle nationalité dans un système hiérarchique global où les citoyennetés n’offrent pas toutes les mêmes droits et opportunités.
Au fil du manuscrit, des réponses aux questions suivantes sont apportées : (1) En Suisse, quels enjeux résultent de l’observation de la naturalisation au cours des 20 dernières années ? (2) Quels sont les facteurs personnels et contextuels associés aux aspirations et aux pratiques d’acquisition de la nationalité helvétique ? (3) En quoi ces comportements particuliers reflètent-ils des structures d’opportunités et d’obstacles qui se présentent au cours ou au terme du processus de naturalisation ?”
Mots-clés: Naturalisation, Déterminants de la naturalisation, Intentions de naturalisation, Politique suisse de citoyenneté