Conséquences des mesures de confinement liées au COVID-19 sur les conditions de vie de migrants sans-papiers ou récemment régularisés à Genève

Author(s) : Aline Duvoisin

Source : https://cigev.unige.ch/files/3716/0692/0389/rapport_covid_parchemins_juillet2020.pdf

La pandémie de COVID19 a agi comme un révélateur et une cause d’accentuation de vulnérabilités et
d’inégalités socioéconomiques préexistantes à l’échelle globale, y compris dans les nations les plus
privilégiées comme la Suisse. En Suisse, les mesures fédérales de protection de la population contre la propagation du virus (semi-confinement à domicile, limitation des activités économiques non essentielles, fermeture des écoles, etc.) mises en place dès le mois de mars ont engendré une baisse rapide de l’activité économique affectant la capacité de gain d’un grand nombre de personnes. Bien que des mesures de compensation aient été instaurées, certaines catégories de travailleurs dont les migrants sans statut légal (sans-papiers) n’y ont pas eu accès. L’accroissement de l’insécurité économique a eu pour effet l’émergence rapide d’un phénomène inédit d’insécurité alimentaire parmi les groupes de populations les plus précaires. A Genève, comme dans d’autres centres urbains, les demandes d’aide alimentaire ont rapidement augmenté, rendant nécessaire la mise en place en urgence de distributions alimentaires à large échelle dès le mois d’avril 2020. Le Canton de Genève compte 10’000 à 15’000 migrants sans-papiers essentiellement actifs dans les domaines de l’industrie, de l’économie domestique, du bâtiment et de l’hôtellerie-restauration. Suite à une politique publique temporaire de régularisation du statut légal (Opération Papyrus) mise en place en 2017-2018, plus de 2000 personnes sans-papiers ont obtenu une autorisation de séjour renouvelable (permis B), leur permettant théoriquement d’accéder à davantage de sécurité et d’aides sur le plan social et économique. Néanmoins, le renouvellement de ce permis étant notamment conditionné par l’absence de dépendance aux aides sociales publiques, le risque que ces personnes y renoncent, même si elles font face à une baisse significative de leur revenu, est important.

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